Transformation d’une tête de lampadaire en chauffe-tasse solaire.

par Jérôme Peyer
42 Boisset St Priest

jeromepeyer chez voila.fr



Une boîte industrielle locale changeait ses lampadaires de parking. Certains de ses employés les récupéraient pour transformer les capots en jardinières fleuries ( !), d’autres m’en m’ont mis de côté. En voyant les lampadaires, j’eus la révélation : un réflecteur pour four solaire !

Ce bricolage, à la portée de quiconque, n’est donc possible que si vous récupérez un capot industriel de ce type. Le gros avantage est qu’il est grand (diamètre 50cm, surface de vitre 0,2m2), étanche (IP55) avec le vitrage et joint inclus. Tout y est pour un four : le réflecteur (capot), le joint (étanchéïté), vitrage (effet de serre). Il ne manque que les supports.

Notice de montage simplifié (en photo, le montage est inutilement plus complexe mais le principe est le même).
Pour une fois, c’est plus difficile à dire qu’à faire. Ne vous laissez pas impressionner par le flou de la notice. Lancez-vous.

Ce cuiseur comporte 4 éléments :

1-Le support est le socle qui tient l’ensemble.
2-La poursuite solaire est l’élément qui permet au four d’être bien en face des rayons du soleil. Il permet aussi de suivre la course du soleil pendant une longue cuisson.
3-Le pivot permet de régler l’inclinaison du vitrage par rapport à la hauteur du soleil dans le ciel. Il faut toujours avoir un capteur le plus perpendiculaire possible pour avoir le plus de rayons concentrés, donc plus de chaleur.
4-Le four en lui-même : récipient fermé par une vitre (pour l’effet de serre) et composé d’un réflecteur à l’arrière (pour diriger les rayons sur la casserole)

Matériel nécessaire : rien !

Un bout de grille, 40 cm de chaînette, un gros réflecteur d’éclairage public, quelques planches, visserie et boulonnerie pour 10€ max. (et une tasse noire avec un couvercle…)
On peut aussi acheter, à la place de planches récupérées, un panneau 200cm*60cm de fibres de bois marine (9€) : hydrophobe pour que le montage puisse rester dehors.


1-Fabrication du support :


Découper une planche de 60cm*50cm.
Mettre 4 cales en bois (avec une tête de vis en métal dessous pour ne pas faire pourrir la planche si le four reste à l’extérieur). On pourra visser ce support à l’extérieur ou rajouter des poids pour qu’il ne bascule pas. Une plaque en métal n’est donc pas une mauvaise idée.
Tracer 2 diagonales pour trouver le centre et percer un trou utilisé pour l’axe de rotation du four. Il s’agit de permettre au capteur de suivre la course du soleil afin d’être toujours en face.
Le diamètre de l’axe choisi est une tige filetée de 10. Pour ne pas trop forcer sur cet axe fin, découper une rondelle en bois dans une chute (avec la scie cloche de 50) et je la prends en étau avec ma tige filetée et 2 boulons+rondelles. Ainsi on fabrique un axe de rotation fixe et épais de 50.


2-Poursuite solaire:

La poursuite solaire est une planche de 30cm*60cm.
Tracer 2 diagonales pour trouver le centre. Percer à la scie cloche de 50. (Nota : percer d’abord ce support pour récupérer la rondelle qui servira à l’axe de la base).
Vous avez donc le support avec un trou de 50 que vous pouvez emboîter dans la rondelle fixe de la base. Ca tourne, bravo !


3- Le pivot



    a)le guide angulaire

C’est la partie la plus trigonométrique. On doit faire un guide qui doit faire pivoter le four d’un angle allant de 26°( position solstice d’été) à 67° (position solstice d’hiver).
Tracer 2 arcs de cercle sur une planche de 30cm*30cm dont le centre est un coin de la planche. Les rayons peuvent être 25cm et 24cm. La différence entre les deux rayons correspond au diamètre de la tige filetée qui glissera à l’intérieur. Découper à la scie sauteuse une encoche délimitée par les 2 arcs de cerle et les 2 rayons (27° et 63°)
Il faut 2 planches (une à droite et une à gauche).

    b)Le pivot

Découper une planche de 60cm*30cm.
Mettre deux charnières type piano sur la longueur de cette planche.
Fixer ensuite l’ensemble à la poursuite solaire.
Fixer les 2 guides solaire debout sur les côtés de la poursuite solaire.
Glisser une tige filetée de 70cm dans les rainures des guides angulaires, sous le pivot, avec 2 écrous papillons. Cette tige sert à bloquer l’inclinaison du four.

4- Le four


Visser le capot centré sur le pivot.
Coller un bout de feuille aluminium sur le fond (sinon on voit le pivot à travers).
Visser dans le fond (sur le pivot en fait) deux crochets qui tiendront la grille et la laisseront libre de pivoter, elle aussi.
Fixer deux crochets sur les bords supérieurs du réflecteur qui tiendront chacun une chaîne reliée à l’autre extrémité de la grille. Une chaîne est très pratique pour régler la planéité de la grille car on utilise les maillons comme réglage avec le crochet.
La grille est un bout de caddie, de grille barbecue (facile à trouver).

Temps de fabrication avec tout le matériel sous la main : 2 heures.
Le plus long est d’accumuler le matériel nécessaire en récupération.

Test :

Par ciel clair, 1 minute et demi pour enflammer du carton. C’est très efficace et pédagogique mais ça salit le réflecteur.
20 minutes pour atteindre 80°C dans deux tasses, sans couvercles, noires d’eau à 20°C. La puissance est donc de P=1,16*V*Delta t°/t=85W. Pour le moment, l’inconvénient, c’est la buée qui réduit le rendement : en chauffant, l’eau s’évapore et se condense sur la vitre. Les rayons solaires passent moins ! Il faut obligatoirement utiliser un récipient noir avec couvercle pour éviter la buée. L’idéal, ce serait un pot de confiture peint à la bombe aérosol, tout simplement. Quand je l’aurai, je gagnerai en puissance, un peu plus de 100W puisque la vitre fait 0,2 m2.
Le volume du four est limité si bien que ça se limite la taille des plats : de l’eau pour le thé ou café ou, si on est seul, à réchauffer son plat ou cuire ses légumes. L’usage familial n’est pas possible à moins de faire pour chacun son four.
Autre inconvénient : c’est très éblouissant. Le port de lunettes n’est pas superflu, surtout au début, quand on admire son œuvre.

Il peut être utile dans les endroits non raccordés à l’électricité (gîte, jasserie, chantiers, aire de pique-nique…),

Mais vous l’aurez compris, vous n’allez pas économiser de l’argent avec cet appareil. L’intérêt est surtout pédagogique ou ludique (faire cramer sa facture EDF, par exemple)

Quelques chiffres pour finir de vous désespérer (si vous croyiez encore sauver la planète avec ce machin):
Si vous faites votre café pour 2 tout l’été : E=1,16*V*Delta t°*90jours*2personnes= 2,5kWh, soit 0,3€…
Si vous faites réchauffer un plat tous les jours : E=P*t*jours=100*1heure*90jours=9 kWh.

Mais il est tellement amusant : un sujet de conversion tout trouvé avec ses visiteurs dès qu’on a fini  les ragots du quartier, que je le donne à qui veut le prendre !

On peut aussi faire plus simple : pas de poursuite solaire et un simple plan coincé à 45°portant le réflecteur. Vous devrez faire tourner l ‘ensemble du bloc pour capter la direction du soleil. A l’usage, on s’aperçoit qu’on ne s’embête pas à régler l’angle d’inclinaison.



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